ÉTAT DE SIÈGE jusqu'À aujourd'hui...



2005-2008
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AVANT Août 2005

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Avril 2004

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GAZA - état de siège

PRISON


mirador - Gaza 2005 - © CUP

Le soit-disant « retrait de Gaza » n’est en réalité qu’un vaste bluff médiatique, une opération de communication hyper réussie. Alors que toutes les caméras du monde se tournaient vers Gaza (oubliant trop souvent de rappeler que ces colonies évacuées étaient illégales), la colonisation en Cisjordanie s'est étendue à un rythme soutenu durant la même période.

C'est vrai, les 8'000 colons ont bien été évacués, les 21 colonies détruites, libérant ainsi environ 25% du territoire usurpé depuis 38 ans. Le premier avantage de cette évacuation pour les gazaouis, c'est d'enfin pouvoir se mouvoir librement à l’intérieur de leur territoire exigü (360km2), ce qui était auparavant fortement entravé par les checkpoints et zones dites « de sécurité ». Franchir la trentaine de km séparant Gaza-ville de Rafah, étaient auparavant une expédition pouvant durer plusieurs jours, et pleine de risque (à la merci de l'humeur des snipers israéliens) et d'humilitation...


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voir cartes:
> AVANT le "retrait"
> APRÈS le "retrait"




> lire: "Cendrillon à Rafah" - Graham Usher - 23-09-2005


Mais en échange de cette minime liberté de mouvement (cage agrandie), Israël a gardé le contrôle total sur toutes les frontières de la bande de Gaza : frontières terrestres avec Israël, mais aussi la frontière terrestre avec l’Egypte (Rafah) et la frontière maritime; ainsi que le contrôle total de l'espace aérien de Gaza. Pour la circulation des personnes, les israéliens ont décidé que seuls les passages d'Eretz (vers Israël) et de Rafah (vers l'Egypte) étaient autorisés; les autres points de passage (Karni, al Qarara, Sufa) servant uniquement pour les marchandises.


 

 


Mur de Rafah - gaza 2005 ©CUPL’accord passé avec les européens concernant la frontière avec l’Egypte (Rafah) n’était qu’un effet de manche supplémentaire. En effet, s’il est vrai que des observateurs européens sont présents en permanence au poste frontière côté palestinien, ils ne sont en réalité que des figurants avalisant le fait accompli : toutes les données sur les personnes en transit passent obligatoirement par les ordinateurs de l’état-major israélien avant de recevoir de leur part le feu vert ou rouge. Israël s'arroge ainsi le droit non seulement de contrôler les déplacements des Palestinien-ne-s, mais également ceux des visiteurs internationaux.

Les Palestinien-ne-s qui sortent de la bande de Gaza sont soumis à demande d'autorisation préalable et ils ne sont jamais sûrs de pouvoir y retourner, mais en plus ils ne peuvent recevoir de visiteurs étrangers qu'au bon vouloir des israéliens. Les règlements changent très souvent (demande d'autorisation préalable exigée ou non; affiliation à une ONG ou non; etc) et c'est très souvent l'arbitraire qui règne au niveau de ces décisions. Même les travailleurs humanitaires (petites ONGs, mais aussi CICR, UNRWA, etc) et les diplomates ont de plus en plus de mal à obtenir les autorisations nécessaires et subissent de plus en plus de fouilles, interrogatoires et humiliations par les soldats israéliens au poste d’Eretz.


> lire: "Entrée refusée: refus de témoins de l’occupation israélienne" - Maureen Clare Murphy 13-07-06
> "Le formidalbe accord frontalier de Gaza" - Ramzy Baroud - 23-11-05


En outre, la frontière de Rafah étant très souvent fermée pour de très longues périodes (stratégies de blocus), de nombreux palestinien-ne-s se retrouvent fréquemment coincés à la frontière du côté égyptien (où ils ne peuvent circuler librement) ou dans le no man's land séparant les 2 postes de douanes.

Malgré le "désengagement", Gaza est donc restée une grande prison à ciel ouvert. Une prison sans droit de visite, avec en plus du contrôle des frontières, un contrôle total de toute la vie quotidienne des gazaouis (tous les documents officiels, cartes d'identité, acte de naissance, etc sont émis par l'état d'Israël...). Ce "désengagement" qu'on a voulu faire passer pour une libération porte donc bien les marques d'une occupation masquée mais toujours aussi impitoyable et bien réelle.


> un exemple parmi d'autres: "Un millier de Palestiniens bloqués depuis plusieurs jours au poste-frontière de Rafah" - AFP - 23-06-06

De plus, l'évacuation des colons a l'immense avantage de permettre aux forces d'occupation d'utiliser de nouvelles armes contres les gazaouis, comme les survols générant des "bangs soniques" pour terroriser la population. La prison sert donc également de laboratoire, alors que le grand bluff médiatique a parfaitement fonctionné, puisque tout le monde croit (ou fait semblant de croire) que Gaza est « libre »...

passage d'Eretz - Gaza 2005 ©CUP


> lire: "The Gaza Strip as laboratory" - Darryl Li - juin06 (english)

 

Etat de Siège

En plus d’entraver la circulation des personnes, Israël contrôle également totalement la circulation des biens entrant ET sortant de la bande de Gaza (passages de Karni, al Qarara, Sufa), assujettissant ainsi complètement l'économie palestinienne.

Toutes les exportations sont d'abord soumises à autorisation israélienne (qui favorise bien évidemment les produits ne concurrençant pas sa propre production), mais en plus la lenteur des contrôles douaniers,bateaux de pêche immobilisés - Gaza 2005 ©CUP les blocus fréquents auxquels sont soumis les marchandises sous prétexte de sécurité entravent très fortement le commerce de Gaza vers l'extérieur. De même les importations subissent les mêmes contrôles et blocages fréquents aux douanes sous prétexte de sécurité, ce qui provoque de fortes hausses des prix pénalisant non seulement les entreprises mais également toute la population de Gaza. Depuis le début de la 2e intifada les producteurs et entrepreneurs gazaouis ont subi de nombreuses pertes, voire des faillites du fait de ces entraves: marchandises pourrissant sur place, manque de matières premières bloquées, impossibilité d'exporter les produits finis, etc. provoquant non seulement des pertes sèches énormes pour les agriculteurs et entrepreneurs, mais également pour leurs employés déjà très vulnérables.

Aucune autonomie n'est accordée aux Gazaouis, même pas l'autonmie économique. L'assujettissement de toute l'économie vise à rendre les palestiniens encore plus dépendants de l'extérieur, à les transformer en esclaves de la générosité internationale. Les réfugiés (en 2003, à Gaza on comptait environ 900'000 réfugiés sur une population totale de 1'300'000 habitants), ont toujours été des populations plus fragiles, s'entassant dans des camps surpeuplés (Jabalyia triste record mondial de densité de population avec 120'000 personnes sur 2km2, chiffre de 2002) dénués de ressources et avec des possibilités de travail extrêmement restreintes. Une bonne part d'entre eux dépendant totalement de l'aide internationale apportée par l'UNRWA depuis 1948 (naqba); alors que selon le droit international c'est la puissance occupante qui aurait dû s'en charger... Avec l'étranglement économique mis en place depuis une dizaine d'année, Israël veut précariser toute la population, l'abaisser à un niveau de dépendance humiliante.







> "Les récoltes sont en train de pourrir à Gaza" - Scott Wilson - 23-03-06

> "Quand la pêche a le goût de la mort sur la côte de Gaza" - Wisam Afifa 08-12-05

> "Israël poursuit l’étranglement social et économique de la Bande de Gaza" - PCHR - 31-01-06




Depuis le 14 janvier 2006, un infâme blocus total a été mis en place par Israël, provoquant des pénuries de denrées de base (farine, lait, etc) mais également de médicaments et l'aide humanitaire d'urgence, entraînant de très graves conséquences sanitaires sur une population dont le taux de malnutrition infantile était déjà scandaleux. Selon le rapport de Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, en 2003, 22% des enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition et 60% des Palestiniens vivaient sous le seuil de grande pauvreté. Ces chiffres se rapportant à 2003, imaginez la situation de Gaza en 2006 après 6 mois de blocus! Les conséquences économiques, sanitaires et sociales sont énormes et laisseront des séquelles à long terme.

Mur de Rafah - Gaza 2005 ©CUPDepuis l'arrivée au pouvoir du Hamas (janvier 2006), au blocus de Gaza s’ajoute l'embargo financier (blocage des transferts bancaires) imposé par Israël avec la bénédiction des occidentaux soit-disant civilisés et garants de la justice et du droit; ainsi que le vol pur et simple des taxes qu’Israël devait reverser à l’autorité palestinienne. Habile manoeuvre privant des dizaines de milliers de fonctionnaires de leur salaire, et aussi le reste de la population de toute aide extérieure (virements bancaires de parents expatriés, financements de projets par des ONGs, etc etc), alors que la fermeture des frontières les a rendus complètement dépendants de cette aide...

Cette politique d'étranglement économique, d'état de siège moyennâgeux affamant les populations civiles constituent une punition collective inadmissible et contraire au droit international. Pourtant les réactions internationales sont rares, le silence complice de la communauté internationale fait froid dans le dos et constitue un poids de plus sur le moral des palestiniens...


> " Le bouclage de Gaza soumet les Palestiniens à rude épreuve" - Leila el-Haddad - 07-02-06
> "effondrement du système de Santé palestinien" - PHR - 19-05-06
> "Situation dans la Bande de Gaza ces trois derniers jours" - OCHA - 07-07-06


> "Comment font les Palestiniens face aux salaires impayés" - Motasem A Dalloul - 09-06-06


Pendant toute cette période de siège, il ne faut pas oublier que les bombardements ont été quotidiens et intenses, tuant et blessant de nombreux civiles innocents (entre le 25 juin et le 30 juillet 2006, plus de 150 civiles tués rien qu'à Gaza, dont 33 enfants); terrorisant les plus faibles et ajoutant des traumatismes supplémentaires à cette population affamée, emprisonnée et oubliée du monde.


> " Loin des caméras, le pilonnage de Gaza continue" - Marc Henry 30-07-06

 

Terrorisme d'État


vestiges de tanks - Gaza 2005 ©CUP

A l’enfermement dans cette prison à ciel ouvert (la plus grande au monde) et à l’état de siège suffocant, s’ajoute le terrorisme d'état pratiqué par Israël de longue date:

  • emprisonnement arbitraire de palestinien-ne-s y compris des mineurs ,sans charges ni procès équitable;
  • torture pratiquée presque systématiquement sur les détenu-e-s;
  • pressions psychologiques et chantages sur les familles des prisonnier-ère-s;
  • destructions injustifiées de propriétés privées (habitations, terres agricoles, etc) et publiques (écoles, ministères, etc) et des infrastructures;
  • assassinats ciblés (extrajudiciaires);
  • bombardements avec armement prohibé (bombes é sous-munitions, au phosphore, etc) entraînant la mort et des blessures à des civiles innocents et terrorisant la population civile entière.
  • suffocation économique, état-de-siège pour affamer toute la population civile.

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> à propos de la définition du terrorisme d'état : lire intervention à la Sous-Commision aux droits de l'homme en 2003 - CETIM et AAJ

> sur les prisonniers palestiniens voir site addameer

> sur les destructions des maisons voir site de l'ICAHD (anglais - arabe - hébreu)


Gaza 2005 - © CUPDepuis longtemps les bombardements sont fréquents sur la bande de Gaza. Avant le retrait des colonies (août 2005), la présence des colons sur ce territoire exigü empêchait l'armée de bombarder à l'extrême, le bruit pouvant incommoder les colons. Mais depuis leur évacuation, la fréquence et l'intensité des bombardement ont fortement augmenté, et en prime Israël a pu tester une nouvelle arme de terreur: les survols générant des "bangs soniques". Ces "bangs soniques" sont pratiqués le plus souvent la nuit, terrorisant la population en particulier les enfants qui se trouvent atteints de troubles du sommeil en plus de tous les autres traumatismes qu'ils accumulent depuis lontemps.

Le 28 juin 2006 israël a commencé une nouvelle offensive d'envergure soit-disant pour libérer un soldat prisonnier, dévastant en quelques jours de nombreuses infrastructures de la bande de Gaza: des ponts, des routes, des centrales électriques, des bureaux des ministères, etc. privant la population d'électricité et d'eau courante, prenant en otage plusieurs parlementaires démocratiquement élus, semant la terreur et la mort dans la population civile palestinienne déjà en état de siège depuis des mois.

La même stratégie se répètera quelques semaines plus tard au Liban (à partir du 12 juillet 2006): sous le prétexte similaire de la capture de deux soldats israéliens, l'armée israélienne achevé en peu de temps la destruction totale des infrastructures du pays, le blocus terrestre et maritime, ajoutant à cela des bombardement sur des civiles innocents, entraves aux civiles en fuite et aux équipes de secours, usage de matériel de guerre non conventionnel (bombes au phosphore...), etc. alors même que les libanais ne sont nullement responsable de l'enlèvement de ces deux soldats (quand bien même on pourrait justifier d'une offensive d'une telle ampleur pour un si petit prétexte...)

Le terrorisme d’état d'Israël est une machinerie maintenant bien huilée, après l’expérimentation dans le laboratoire-prison de Gaza; Israël l’exporte au Liban et ça fonctionne... Le peu de réactions de la communauté internationale ne laisse rien présager de bon pour le futur.



> sur les traumatismes voir le site du Gaza Community Mental Health Programme



Rafah - gaza 2005 ©CUP

Après la destruction totale des infrastructures, la terreur quotidiennement distillée et le blocus imposé à toute une population déjà fragile (majorité de réfugiés); quel sera donc le nouveau degré de l’horreur à Gaza? et au Liban? et peut-être ailleurs...

 

 

 

 

 

texte: mirouille - 7 août 2006
photos:17e mission civile suisse - octobre 2005


 

 

 

 

 

 

 

 

 

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