ÉTAT DE SIÈGE jusqu'À aujourd'hui...



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Avril 2004

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GAZA - état de siège

Enfermement

fenetre palmier

rapport de la 17e mission civile
organisée par le Collectif Urgence Palestine
octobre 2005
Photos: © Nicolas Bezençon

 

L’enfermement de Gaza, nous avons commencé à le vivre au check point d’Erez à la frontière avec Gaza. C’est un poste de contrôle fortement militarisé. On ne peut entrer à Gaza ou en sortir que si les Israéliens vous y autorisent. Les palestiniens de Gaza doivent posséder un permis de circulation pour être autorisés à sortir vers Israël.


Photos: © Nicolas Bezençon

A Erez, du côté israélien, les installations de sécurité sont à la pointe de la technologie. A la sortie de Gaza chaque personne doit subir un certain nombre de contrôles, sans contact humain, dirigés par caméras et haut-parleurs. L’entrée à Gaza est moins rigoureuse elle se limite à un long contrôle de documents à la suite duquel il vous interdiront ou permettront d’entrer à Gaza. Pour aller dans les deux sens on entame un sombre et long tunnel, qui a tout l’air d’une installation pénitentiaire. Ce tunnel, d’environ deux cents mètres est l’un des 2 cordons qui lient Gaza avec l’extérieur. Les installations de la douane du coté palestinien: une simple table malmenée par le temps, couverte par une nappe usagée. Du personnel principalement civil s’occupe du contrôle. Nous n’avons eu aucune démarche à faire côté palestinien. On nous attendait, cette fois-ci avec un sourire amical.

Tout autour de la frontière avec Israël il y a des tours de contrôle. Proche de l’ex colonie de Nisanit, sur les hauts d’une colline, nous avons pu observer, du côté Israélien du mur, des tours de contrôle.






> voir photos d'Erez en 2004


kissufim frontière

Dans la région Est de Gaza, dans la zone appelée Al Maghazi ils ont placé des postes de contrôle israéliens tous les 600m le long de la frontière avec Israël. Sur cette frontière on assiste à la construction du mur. Le long de la route des colons qui amenait de Gush Katif au passage de Kissoufim à la frontière israélienne, on observe beaucoup de no man’s land : kissufim no man's landaujourd’hui encore, les Palestiniens ne peuvent ni construire, ni cultiver sur 650m de distance de cette frontière, cela correspond à 100 hectares détruits.

La population Palestinienne a été cantonnée à des espaces inhumains. En effet la colonisation avait réduit le territoire autorisé aux Palestiniens non seulement par l’installation des colonies mais aussi par l’extension de no man’s lands requis à leur « sécurité ». Conditions qui ont produit une catastrophe urbaine et écologique.

 



> voir apartheid en 2002 - notamment situation des personnes vivant dans les "yellow zones"

Ce qui est frappant c’est l’étouffement spatial des villes de la bande de Gaza qui a poussé à une occupation du sol accrue. Ces villes sont une succession de maisons en béton, sans aucun espace vert, ni infrastructure sociale.

Cette forêt de béton avec des armatures qui étendent leurs bras au ciel dans l’attente de construire un étage jabaliasupplémentaire est une autre évidence de l’enfermement provoqué par l’occupation. Même aujourd’hui, bien que les terres récupérées offrent un espoir positif, le changement de situation sera très long à se faire et demandera des investissements colossaux pour désengorger l’espace et créer les services nécessaires à la communauté, ainsi que permettre la récupération agricole des terres des no man’s land.

 



Dans le camp de réfugiés de Rafah, ils n’obtenaient pas de permis de construire bien qu’ils disposaient de financement pour construire des infrastructures sociales. Ainsi pour répondre à la croissance démographique les cours scolaires sont, même aujourd’hui, donnés dans des containers de métal. L’interdiction de construire est un phénomène qui se répétait dans toutes les villes.

Nous avons pu visiter l’aéroport à Rafah, un bâtiment très intéressant architecturalement qui fait un remarquable mariage entre l’expression orientale et le langage architectural contemporain. Il est étrange d’entrer à l’intérieur aeroport tour de controled’un bâtiment qui par sa nature a une musicalité propre et le trouver soumis à un silence presque assourdissant. Les boutiques muettes exposent toujours dans leurs vitrines des articles d’artisanat. Un panneau nous annonce comment rejoindre le bar. Ses halls, salles d’attente et guichets d’enregistrement attendent de revenir à la vie.

Nous visitons la tour de contrôle soigneusement détruite par les israéliens, la piste d’atterrissage rasée par les bulldozers. Ces fers tordus, ce bâtiment éventré, ce goudron éclaté nous reflètent la mentalité de l’occupant. Ce bâtiment dans toute sa splendeur, dans toute son inutilité, dans tout son silence c’est un symbole du type de désengagement promu par Israël.

 



La douane et terminal de bus, construits à la frontière avec l’Egypte, à Rafah, est aussi un bâtiment condamné au silence. Après avoir traversé un grand portail et être entrés dans un jardin très soigné, nous trouvons le Terminal, une bâtisse simple, basse, étendue sur le terrain. Un espace humanisé, enfin une construction qui n’a pas eu peur d’occuper l’espace et de se donner de la respiration. On se croirait dans le terminal d’un pays latino-américain, pas à Gaza.

Le bâtiment est en très bon état, certains locaux ont laissé la trace de l’occupant. Comme ces locaux type couloir, avec des vitres qui permettent de voir sans être vu et qui servaient à espionner les comportements des personnes dans les différents passages (contrôle de documents, salle d’attente, contrôle de bagages, etc.). Pendant l’occupation c’était exceptionnel que les Palestiniens soient autorisés à passer. Le bâtiment est prêt à être utilisé, nous avons eu la possibilité de le parcourir et même de passer de l’autre coté, celui ou attendaient les bus Egyptiens.

Cette frontière peut être ouverte n’importe quand. Elle enferme dans ces murs l’espoir d’obtenir un brin de souveraineté. Mais Israël, pour l’ouvrir, préconise un contrôle vidéo israélien et son administration par la communauté Européenne. Conditions qui maintiennent Gaza dans un bantoustan sous contrôle israélien.

Le village Rafi’akh Yam s’appelle le village Suédois, parce que ses humbles maisons ont été financées par une ONG Suédoise. Il est séparé de l’Egypte par un mur de barbelés. Ces barbelés s’enfoncent dans la mer. Un soldat égyptien armé fait le gué sur la plage. On voit l’Egypte accomplir la tâche de gardien de prison.philadelphia le mur

Nous pouvons voir, de l’autre coté de la barrière, des maisons, des voitures, des chiens qui ont eu la chance de naître quelque mètres plus loin. Dans ces moments je sens l’insoutenable enfermement des Palestiniens. D’une coté on est prisonnier, de l’autre on est un citoyen libre.

Le mur de béton ou de barbelés nous accompagne tout le long des frontières. L’enfermement de Gaza est garantit aussi en mer par des bateaux israéliens parsemés à environ 20 km de la côte et le ciel est surveillé par des dirigeables, des hélicoptères. Récemment Gaza a été survolé par des avions F16. Ce qui fait éclater les vitres et terrorise la population.

Néanmoins la population peut circuler librement à l’intérieur de Gaza, s’approprier le temps de vivre. C’est sans doute un aspect positif du redéploiement d’Israël. Le redéploiement d’Israël a fait aussi la démonstration que les territoires peuvent être libérés des colonies. Ce qui constitue quand même un antécédent politique important.

Gaza, sans un contrôle de ses frontières, de son espace aérien et maritime, de ses ressources en eau, de son commerce extérieur et dépendante des autorisations ou paiements de taxes pour la circulation des personnes et des marchandises ne peut exercer aucune souveraineté sur son territoire. Ce qui nous permet d’assimiler l’enferment de Gaza à une volonté politique de bantoustanisation de la Palestine.

Si l’Etat d’Israël avait accepté de respecter la ligne verte de 1967 comme exigé par la communauté internationale et respecté les Conventions de Genève dont il est signataire, aurait-il eu besoin d’évacuer des colonies?

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rapport de la 17e mission civile
organisée par le Collectif Urgence Palestine
octobre 2005
Photos: © Nicolas Bezençon