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GAZA - état de siège

Condamnez si vous le voulez, mais les Palestinien·nes paieront un lourd tribut

Jonathan Cook
10-11-2023

L'acte de condamnation a été cyniquement instrumentalisé. L'objectif n'est pas de faire preuve de solidarité avec les Israéliens. Il s'agit d'attiser les braises de la haine pour justifier les crimes commis contre les Palestinien·nes.

Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, il y a trois bonnes raisons - éthiques qui plus est - de refuser de se joindre au concert de condamnations des actions du Hamas le 7 octobre.
Cela ne signifie pas que l'on approuve ce que le Hamas a fait. Il est clair que le groupe a commis des crimes de guerre ce jour-là, notamment en attaquant des civils et en les prenant en otage.
Mais il y a une distinction importante à faire entre reconnaître que des crimes ont été commis et participer à un acte de condamnation qui a été ouvertement politisé, et qui continue à l'être, pour justifier le fait de blesser des civils palestiniens.

De quelle manière?

1. Ceux qui exigent une condamnation sont principalement motivés par la volonté d'imposer un consensus, dangereux, qui insiste sur le fait que le compteur des atrocités a commencé à tourner le 7 octobre. Ces personnes veulent radier du tableau des décennies d'atrocités commises par Israël à l'encontre des Palestinien·nes: nettoyage ethnique, massacres, colonisation, blocus, dépossession violente.
Ils réussissent à atteindre leur objectif en raison d'un déséquilibre narratif flagrant sur la question israélo-palestinienne. Dans les sociétés occidentales, le sentiment pro-israélien est bien ancré, constamment relayé par nos politicien·nes et nos médias. Quiconque condamne le Hamas, n'a aucun contrôle sur les utilisations qui seront faites de sa condamnation.

En bref, la condamnation du type de celle qui est exigée de tous à propos du 7 octobre n'est pas exempte de coûts. Elle est instrumentalisée pour faire disparaître le contexte, pour effacer les souffrances palestiniennes et l'oppression israélienne, et pour simplifier et déformer l'histoire.

2. Ceux qui exigent la condamnation veulent qu'elle soit prononcée non pas pour que le monde devienne meilleur et plus sûr, mais pour que leurs justifications de la poursuite de la campagne de bombardements contre les civils palestiniens à Gaza paraissent plus convaincantes.
Si les actions du Hamas méritent une condamnation spéciale (alors que les crimes commis par Israël pendant des décennies ne le sont pas), cela sous-entend que les actions du Hamas doivent être d'un ordre de grandeur bien pire que tout ce qu'Israël a jamais fait.
Le Hamas peut alors être considéré comme un genre à part d'ennemi: dépravé, inhumain et barbare. Ce qui signifie qu'il y a à la fois une urgence exceptionnelle à éradiquer le Hamas et des conditions exceptionnelles qui justifient qu'Israël fasse preuve d'une cruauté exceptionnelle pour atteindre cet objectif.

Dans ces conditions, il est peu judicieux de s'associer à ce qui s'apparente à un acte de condamnation politisé. Ce n'est pas un acte de solidarité avec les Israéliens. Ce n'est pas l'expression d'une humanité partagée. C'est un outil pour attiser les braises de la haine, pour justifier le nettoyage ethnique et le génocide contre les Palestinien·nes.

3. L'exigence de condamnation contien implicitement l'intention de priver les Palestinien·nes du droit à toute forme de résistance à l'occupation militaire brutale d'Israël. Le droit international est clair sur ce point, même si les politicien·nes et les médias occidentaux ne le sont pas.
Les Palestinien·nes ont le droit de résister. Le 7 octobre, le Hamas a fait beaucoup de choses légitimes au regard du droit international, comme attaquer les bases militaires israéliennes qui imposent le siège de Gaza depuis 16 ans. C'est la principale raison pour laquelle un si grand nombre de soldats israéliens sont morts ce jour-là.

Mais la demande de condamnation cherche intentionnellement à brouiller la distinction entre ce que le Hamas avait légalement le droit de faire - attaquer l'armée israélienne - et ce qu'il n'avait pas le droit de faire, à savoir tuer des civils et les prendre en otage. Au lieu de cela, tous les événements de la journée sont dépeints comme illégitimes, tous les événements de la journée sont mélangés en une seule atrocité géante.

Si cela n'est pas clair, regardez les reportages de la BBC et de Sky News hautement compatissants avec les soldats blessés lors de l'attaque du Hamas.
Reeta Chakrabarti, de la BBC, a par exemple passé du temps avec un soldat qui a choisi de venger ses camarades morts en participant à l'invasion de Gaza. Le reportage lui a accordé un statut de quasi-héros. Mais la vérité est que lui et ses camarades étaient postés près de Gaza parce qu'ils contribuaient à appliquer la punition collective de 2,3 millions de civils palestiniens à travers un siège de 16 ans - un crime de guerre.
Ces actions ont fait de lui et de ses camarades une cible tout à fait légitime pour les attaques du Hamas. Mais le fait de souligner cela, de soutenir le droit international, a été rendu tabou par les politicien·nes et les médias occidentaux.

Par tous ces moyens, la demande de condamnation vise à implanter l'idée que les Palestinien·nes doivent accepter leur sort : être asservi·es en permanence par le projet colonial israélien, être soumis·es en permanence au régime d'apartheid israélien, être soumis·es à un siège permanent qui ne compte que les calories minimales nécessaires à la survie, et être bombardé·es chaque fois que l'humeur d'Israël le permet.

La condamnation du 7 octobre est ce que la machine de guerre occidentale attend de vous. C'est ce qui garantit que les enfants palestiniens continuent d'être tués et que les Palestinien·nes n'obtiennent jamais leur liberté ou leur dignité.

Condamnez si vous le voulez, mais comprenez que les Palestinien·nes paieront un lourd tribut à cause de vos paroles.

-> original article Jonathan Cook blog [en]

 


 


-> original article Jonathan Cook blog [en]